Viens ici, j’vais te dire un secret…

C’est en chemin vers Tomar au Portugal que j’ai vu sur ma carte qu’on n’était pas loin du sanctuaire de Notre Dame de Fatima. Fallait y aller! Pas que l’on ait particulièrement la fibre catho (j’ai quand même attendu en vain mon épiphanie à Jérusalem) mais passer à côté de Fatima et ne pas aller y faire un tour, c’est comme passer à côté de Roswell sans s’arrêter pour visiter le musée des UFO : ça se fait pas! Pour ceux qui ne savent pas ce que ça mange en hiver le sanctuaire de Notre-Dame-de-Fatima, voici un résumé de sa petite histoire.

Le 13 mai 1917,Jacinta,Lucia et Francesco, trois petits bergers du coin, se promenaient aux alentours du village de Fatima. Avec un Pouf! retentissant, une gentille madame vêtue de blanc leur est apparue dans un petit chêne vert. Elle leur a demandé de revenir le mois suivant le même bat-jour à la même bat-heure avec une seule consigne à suivre : ne pas en parler à personne (déjà, quand un adulte demande ça à des enfants, j’trouve ça louche mais bon… y’avait pas de bonbons impliqués; ça devait donc être kosher). Pis après ça, Pouf! Elle est partie.

Dès leur retour au village, les p’tits bergers, incapables de suivre une consigne simple, se sont fait aller le mâche-patate sur ce qui venait de leur arriver. La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre mais les gens du village ont quand même pris ça avec un grain de sel. Le mois suivant, les enfants sont retournés au petit chêne vert accompagnés, cette fois-ci, de quelques curieux. Pouf! La madame est réapparue mais seuls les trois enfants l’ont vue. Les autres personnes présentes n’ont rien vu, ni rien entendu. Par contre, paraîtrait qu’une des branches du petit chêne vert avait l’air de rusher sous le poids de quelque chose… Au moment même où Pouf! la madame est partie, des témoins auraient aperçu un sillon dans le ciel. Un sillon comme celui d’un avion à réaction mais avec 20 ans trop tôt.

Lors de sa troisième apparition, la madame a confié trois secrets aux enfants en leur demandant, pour l’instant, de garder ça pour eux (parce que la première fois, ça avait été tellement un succès…). Cette fois, les p'tits bergers ont respecté la consigne. Tellement, qu’on a même failli pas les connaître les secrets parce que deux des trois p’tits bergers sont décédés peu d’années après. Heureusement que la petite Lucia, elle, a survécu très looooooongtemps et elle a fini par les divulguer les secrets. Par contre, avec son sens du showbusiness, Lucia a fait durer le suspense pendant plus de 20 ans! Elle a leaké les deux premiers secrets en 1941 en précisant qu’elle allait leaker le troisième seulement en l’an 2000. Oui, c’était un long shot de présumer qu’elle allait vivre jusque là. D’ailleurs, en 1943, étant très malade et au seuil de la mort, elle a scellé son secret dans une enveloppe qui a été divulgué à Rome le 13 mai 2000. Elle avait alors 93 ans... Pour les curieux: les deux premiers étaient des visions d’enfer (probablement avec du monde tout nu) et des visions d’âmes sauvées (probablement avec du monde habillés d’une feuille de vigne). Le dernier secret était, en gros, des visions d’anges et de martyrs susceptible d’être interprétées comme tout bon horoscope, c'est-à-dire n’importe comment pis c’est pas mal ça qui est arrivé…

Bref, la madame de Fatima est apparue religieusement comme ça en faisant Pouf! à tous les 13 du mois pendant 6 mois sauf en août où elle est apparue le 19 parce que le 13, les pauvres enfants avaient été enfermés par les autorités sous prétexte qu’ils troublaient l’ordre publique. À chaque apparition, personne d’autre que les enfants n’ont pu entendre ou voir la madame mais le 13 octobre, devant une foule de 50 000 personnes, il s’est passé quelque chose de pas mal spécial! À midi, la pluie torrentielle qui s’abattait sur le village a cessée, le ciel bleu est revenu et le soleil a brillé. Du jamais vu!!! Sérieusement, une fois le soleil revenu, des témoins ont rapporté avoir pu le regarder directement sans être éblouis et l’avoir vu danser avant de se détacher du ciel pour s’avançer vers eux de façon menaçante. Inutile de dire que les non croyants se sont mis à croire et à se repentir à la vitesse grand V. De leur côté, les gens de l’observatoire astronomique du coin n'ont rien relevé de particulier à ce moment là mais bon, y’a pas de surprise là, la religion et la science n’ayant jamais fait bon ménage.

Toujours est-il que de nos jours, on ne retrouve plus de petit chêne vert à l’endroit où la vierge serait apparue à tout ce beau monde. On retrouve par contre un énorme sanctuaire dont l’enceinte peut contenir 300 000 fidèles. Ça correspond à 12 terrains de football si on préfère compter en terrain de football plutôt qu’en fidèles.

Une section de l’enceinte est dédiée à l’allumage de cierges qui sont tous plus longs les uns que les autres. C’est weird parce que plutôt que de donner un visuel ben cute et ordonné d’une multitude de cierges représentant chacune les prières et dévotions de quelqu’un, ça donne un désordre monstre de cierges tout croches dont plusieurs ont la tête virée vers le bas. Bonjour la symbolique! En plus, quand on y est allés, le feu était pogné là-dedans, il y avait plein de boucane et les cierges des gens fondaient à grosses gouttes sous l’effet de la chaleur intense. Une vraie vision d’enfer! Quand on pense que plus le cierge est gros, plus il est cher parce qu’il va brûler plus longtemps et donc le p’tit Jésus va te donner plus d'indulgences. Il a pas eu besoin d’être ben ben indulgent ce jour là… Mais bon, personne n’avait l’air de s’en faire avec ça, tous probablement sous l’impression que le feu allait s’éteindre par une intervention divine.

Mais LA meilleure attraction de toutes à Fatima c’est de loin la petite chapelle des apparitions. En permanence, tu peux assister à des courses de pèlerins! Les règlements sont simples : faire le tour de la petite chapelle à genoux; les dépassements sont permis par la droite; pas de plaquage ni de coup de coudes dans les coins. Y’a pas de nombre maximum de participants, ce qui doit faire des courses drôlement excitantes lors des jours de grande affluence. Par contre, quand on y est allés, il y avait juste deux participants : un monsieur et une madame. Il y avait une troisième personne sur le terrain mais elle ne participait pas à la course. Elle était juste dans le chemin, en prière devant un petit mur (#tupriespasdevantlebonmur). J’ai misé un cinq sur la madame parce qu’elle, elle s’était grèyée de kneepads pour le jardinage. Elle clenchait donc pas mal plus que le monsieur qui, lui, avait décidé d’y aller pour l’expérience « proche de mon créateur » se traduisant par un contact direct entre ses pieuses rotules et le saint plancher.

Mais bon, j’ai pas eu d’épiphanie à Fatima non plus. Pas de grande révélation sur la religion me permettant de remédier à mon athéisme chronique. Peut-être que j’étais trop absorbée par les courses de pèlerins. Peut-être aussi parce que les miracles moi, j’ai un peu de misère avec ça. Dans mon monde, le soleil est bien installé sur son axe pis les gentilles madames, aussi fines soient-elles, n’apparaissent pas dans les petits chênes verts en faisant Pouf!

Mais je dois reconnaître qu’une partie de moi à envie de croire à ces affaires là. Par contre, je préfère de loin les histoires d’extra-terrestres parce que c’est pas mal plus divertissant. Tout ça pour dire que Fatima, c’est pareil comme Roswell, que tu y crois ou pas, ça vaut le détour PIS tu pourrais être surpris…

Faut que j’y aille…

Pouf!

#secretdefatima #portugal