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De fil en Aiguille

  • Writer: yul2go
    yul2go
  • Jul 1, 2016
  • 4 min read

Updated: Mar 31, 2019


J'ai jamais rencontré Bruno Blanchette mais si je le rencontre un jour, je lui dirai que j'aurais pu être la co-auteure de ses livres La frousse autour du monde. J'aurais par contre ajouté un chapitre: la Frousse, pas juste autour du monde. Parce que moi, j'ai décidé de ne pas me limiter dans la vie! Non monsieur! Tant qu'à avoir peur, j'ai peur partout, tout le temps! Sans discrimination!

Toujours est-il qu'une fois arrivés à Chamonix, quand mon chum m'a manifesté le souhait de monter en haut de l'Aiguille du midi, j'ai joué ça cool. Ben ouverte au projet mais à condition qu'il fasse beau parce que sinon, ça vaut pas la peine de dépenser 120€ : tu vois rien rendu en haut!

C'était décidé. On y allait le lendemain matin sous réserve qu'il fasse beau! Est ce que j'ai besoin de préciser que je me suis croisé les doigts toute la nuit pour ne pas qu'il fasse beau le lendemain pis... Pouf! faisait VRAIMENT beau. Ça devenait difficile de reculer parce que 1) faisait beau ,2) officiellement, j'avais pas peur et 3) j'avoue que j'étais curieuse de faire l'expérience. J'ai peut-être peur de tout mais je suis aussi TRÈS curieuse.

Au petit matin, en marchant vers le téléphérique, mon chum me demande si je suis nerveuse. C'est quasiment insultée que je lui ai répondu: "Ben non, pas pantoute!". Pis tant qu'à bullshitter, j'en ai ajouté un couche en précisant que je ne comprenais pas pourquoi je le serais. Je suis donc peureuse, curieuse et bullshitteuse!


Bref, on fait la file pour monter dans le premier téléphérique. Assez impressionnant d'attendre là parce que t'as l'air d'un AMATEUR. Pis pas un petit amateur là, t'as l'air d'un gros con parce que la plupart des gens autour de toi ont l'air de vrais alpinistes avec des pics et piolets pis toute là! Mais bon, peut-être qu'ils se sont juste loué des kits pour avoir l'air moins amateurs... Anyway.


Dans la vie, j'entretiens une relation amour-haine avec plusieurs choses qui me font peur. Le téléphérique en fait partie. J'ai toujours peur avant mais, une fois dedans, j'adore ça. Ben à l'Aiguille du midi, j'ai eu peur avant de prendre le téléphérique pis une fois dedans... j'ai DÉTESTÉ ma ride de téléphérique de A à Z. Ça montait à pic et super vite. Le vide dessous était tellement épeurant! J'ai donc détesté ça jusqu'à temps que notre gondole pogne dans l'vent pis qu'on se mette à se balancer de gauche à droite. Là, j'avais fini de détester ça. Place maintenant à la PANIQUE (ma spécialité!). Inutile de dire que je ne faisais plus ma smatte là. Fini la bullshit: j'avais officiellement peur!


J'ai cherché un happy place dans ma tête tout en me disant qu'arrivée au milieu (parce qu'il faut transférer dans un deuxième téléphérique), je laissais faire le projet et je redescendais au plus sacrant. Mais j'ai rapidement écarté cette possibilité parce que ça réglait pas mon problème: j'voulais juste débarquer pis pu JAMAIS embarquer dans ce téléphérique là. J'ai donc exploré la possibilité qu'un hélicoptère vienne à ma rescousse (c'était quand même la troisième fois de ma vie où je considérais l'option...) mais j'ai rapidement écarté cette possibilité là aussi parce que... ben parce que je ne pense pas que les hélicos vont chercher des peureux juste parce qu'ils gèrent mal leurs émotions. C'est donc à défaut d'une autre option viable que je me suis embarquée dans le deuxième téléphérique.


Ouf! Une montée vertigineuse avec un dénivelé de 1 470 m. Près de 3km de fil (ok de câble) pour atteindre le piton nord de l'Aiguille à 3777 m tout ça sans aucun pylône. Mis à part le vent qu'on entendait s'infiltrer dans la cabine, un grand silence régnait autour de nous car la présence de la montagne de plus en plus imposante inspirait un grand respect.

Une fois arrivés en haut, la panique faisait place au manque d'oxygène et à une sensation de grande fatigue, ce qui n'était pas déplaisant. On avait l'impression d'être cocktail et c'était parfait comme ça. Physiquement, par contre, on trouvait ça plus dur. Monter quelques marches devenait une activité digne d'un demi-marathon (ok, maybe not,,, mais quand même!).

Malgré que mon esprit se soit calmé et que le stress soit tombé, mon corps lui a quand même insisté pour me rappeler qu'en théorie, j'avais peur. Ce charmant rappel s'est traduit par deux ti-cacas nerveux (All right! peut-être trois)... Mais pas n'importe quels ti-cacas nerveux! Des ti-cacas nerveux faits à 3800m d'altitude! Heille, s'pas tout l'monde qui peut se vanter d'avoir fait un ti-caca aussi haut! Tellement que je vais ajouter l'expérience à mon reverse bucket list. C'est quoi un reverse bucket list? C'est un bucket list que tu fais a posteriori. Tu vis des expériences pis tu les mets sur ta liste après. Ça a l'avantage que tu mets ce que tu veux une fois l'expérience réalisée tandis que le bucket list traditionnel, tu y consignes des rêves à réaliser pis tu check ta liste au fur et à mesure que c'est fait même si l'expérience dont tu rêvais depuis des années était nulle à chier. J'aime mieux mon reverse bucket list et la liberté que ça me donne. Mais bon, toujours est-il que: check!!


Pour le reste de mon expérience de l'Aiguille du Midi, mon souvenir, bien que très précis me donne l'impression de sortir directement d'un rêve. Le maque d'oxygène combiné à un paysage surréel doit y être pour quelque chose. Des pics enneigés à perte de vue d'un côté, la vallée avec une autre chaîne de montagne toutes vertes de l'autre. Un paysage tellement grandiose et à l'épreuve du temps qu'on se dit qu'on est bien peu de chose et insignifiants face à une telle splendeur. On se dit que si ça s'arrête, maintenant-là-tout-de-suite, c'est ben correct et enfin... On arrête d'avoir peur. Pour quelques petits instants au moins.

Mais ça peut pas s'arrêter là parce qu'il y a encore beaucoup d'ajouts à faire à mon reverse bucket list! Que la frousse autour du monde et partout ailleurs continue!



 
 
 

© 2016 Yul2go - Pascale et Alain 

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