Rodéo à Wadi Rum
- yul2go
- May 8, 2014
- 5 min read
Updated: Mar 31, 2019
Premier point à souligner ici. quand le ciel du désert est gris acier et que tu t'apprêtes à aller faire un tour d'un avant midi dans le désert, ça se peut que tu te sois embarqué pour plus qu'une simple balade à dos de dromadaire.
Comme il avait plu et tonné toute la nuit, je me suis questionnée à savoir ce qu'il arriverait si on se faisait prendre par une tempête au milieu du désert. La vie étant bien faite, elle s'est assurée que j'obtienne une réponse.
On a donc quitté le campement à neuf: quatre touristes innocents: Carlos, Julia, Alain et moi; Abdullah, notre guide bédouin tout chantant et les quatre dromadaires dont une qui s'appelait Loulou. On s'en souvient parce que Loulou, elle essayait de mordre tout le monde alors personne la voulait. Julia a atterrie dessus...
Il faut dire que de faire une chevauchée à dos de dromadaire, c'est impressionnant (est ce qu'il fallait plutôt dire une dromadée à dos de dromadaire?!?). Bref, c'est impressionnant parce c'est haut et ça brasse de devant à derrière pas mal. Et t'as juste un mini pommeau de deux pouces devant toi pour te cramponner. Ta vie, bon peut-être pas ta vie parce que si t'en tombe, tu vas pas mourir mais disons que ton orgueil tient pas à grand chose. Mais après quelques minutes, tu relaxes and you go with the flow...
C'est magique, t'entends rien sauf le doux des papattes de dromadaires dans le sable et les quelques consignes que le guide donne aux dromadaires. Et là tu réalises... T'es au beau milieu du désert Jordanien, assis sur une magnifique bête. Wow!!! Tu te prends pour Laurence d'Arabie.

À un moment, notre gentil guide nous baragouine en mimant qu'il y aurait peut-être de la pluie et que si c'était le cas, il pourrait appeler une voiture pour venir nous chercher. Comme la température est très changeante dans le désert, on s'en faisait pas trop. Surtout qu'il pleut rarement dans le désert le jour et que s'il se mettait à pleuvoir, une voiture pourrait venir nous chercher... Pas de soucis, on vit une expérience fabuleuse et on veut pas que ça finisse.
Mais... le ciel derrière nous ressemblait à ça, pis ça, c'est JAMAIS bon signe!

Même pas cinq minutes plus tard, le vent a tourné, c'est devenu froid, trop froid... Assez froid pour nous faire réaliser que d'aucune façon on allait s'en sortir et ne pas avoir d'orage, On a demandé à Abdullah d'appeler la voiture PIS VITE idéalement! Le gentil Abdullah nous répondait très évasivement et il avait l'air un peu embêté (tout en gardant le sourire). On a compris qu'à cause de l'orage qui nous arrivait sur la tête, son cellulaire ne rentrait pas. Donc pas de possibilité d'appeler la voiture...
J'ai vu Alain se retourner et regarder derrière nous avec une drôle de tête, je me suis retournée et j'ai vu un mur arriver. Comme dans un film. L'orage a frappé et on étaient en plein désert avec un gros nulle part où s'abriter... C'était la douche tellement intense que tu ne vois plus 10 pieds devant. pis elle était frette en %$@% la douche! Les dromadaires ne trippaient pas pis nous autres non plus mais c'est au moment où des grêlons d'un demi pouce de diamètres s'en sont mêlés que all hell broke loose!
Les dromadaires étaient paniqués et faisaient du rodéo, les touristes voulaient descendre. À force, Abdullah a réussi à faire coucher les dromadaires d'Alain et Carlos et le mien, conformiste, a fini par trouver que c'était une bonne idée. J'ai volé par dessus mon siège pour me retrouver à terre alors que Loulou, le dromadaire de Julia continuait son rodéo avec une Julia paniquée et détrempée.
À genoux par terre, j'essayais tant bien que mal de me protéger des grêlons et des éclairs avec mon bouclier qui dans la vie de d'habitude joue plutôt un rôle de sac à dos... Alain est venu aussi s'agenouiller avec son sac à dos pour faire un plus gros bouclier. Une rivière s'est formé atour de nous... Quand Carlos est venu s'agenouiller avec nous, j'ai dit à mon chum qu'on pouvait pas laisser sa pauvre blonde continuer son rodéo car Abdullah n'arrivait pas à calmer Loulou et son chum, Carlos avait clairement abandonné le projet... Au moment où Alain s'apprêtait à y aller, Julia a sauté en bas de Loulou et est venue nous rejoindre. On avait maintenant un "énorme" bouclier de 4 sacs à dos et on criait à Abdullah de venir nous rejoindre parce qu'on étaient tellement bien à genoux dans rivière. Mais il essayait de calmer les dromadaires fous... Détrempés et complètement gelés, on se demandait qu'elle était la prochaine étape et c'est là que j'ai posé LA question à poser dans de pareils moment: Are we having fun yet? On a bien rit.
Un gros tapis qui coupait le vent est venu se poser sur nous. En quelques secondes, on étaient protégés des intempéries et du froid. Abdullah avait eu la gentillesse de détacher la selle d'un dromadaire pour nous rendre plus confortable. Alors on a passé quelques moments là, à genoux dans la rivière nouvellement créée à écouter la pluie et la grêle tomber sur notre tapis. À genoux devant 4 dromadaires paniqués qui auraient pu nous piétiner. À genoux cachés dans un orage avec aucune visibilité à se dire que si une auto venait, elle pouvait très bien nous arriver dessus dans savoir. Mais bon... Inch Allah!
Assez rapidement, ça s'est calmé et on a pu entendre autre chose que la pluie/grêle et des dromadaires en paniques. On entendait Abdullah qui criait: Car! Car!
Comme des naufragés, on est sortis de sous notre tapis en 4e vitesse et on s'est pitchés vers les phares qui arrivaient. C'était Ahmad, le propriétaire du camp qui savait que nous étions partis et que nous cherchait depuis que l'orage avait débuté. On s'est rapidement empilés dans la voiture. On était ''sauvés''. Abdullah lui il a refusé que l'on accroche les dromadaires à la voiture et qu'on avance doucement jusqu'au village pour lui permettre d'embarquer. Il a préféré rester avec les dromadaires et les conduire au village. Il était tout trempé sur un des dromadaires (probablement pas Loulou). Il a du geler le pauvre. Mais, il est reparti serein en chantant avec un beau sourire au visage parce que les bédouins, ça a toujours du fun. C'est lui ça avec la charmante Loulou en arrière plan, prête à mordre:

Ils ont tellement toujours du fun qu'arrivé au village, après avoir bravé une rivière nouvellement formée et assez puissante, on a rejoint un autre de nos guide, Salameh, qui nous a dit avec un grand sourire en riant qu'il était: glad to see you're alive! Nous autre aussi on étaient glad...
Cette tempête était du jamais vu ou presque dans leur région. Amad nous a confirmé que de toute sa vie, il avait vu de la pluie le jour que quelques fois et jamais de façon aussi violente. Lucky us! Dire que le désert a la réputation d'être sec...
