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Hommage à l'accueil musulman

  • Writer: yul2go
    yul2go
  • May 19, 2011
  • 4 min read

Updated: Mar 31, 2019


Après avoir traversé les steppes verdoyantes entre la Cappadoce et Konya, c'était maintenant aux montagnes de l’Anatolie centrale que nous nous attaquions. Comme on aime bien les petites routes calmes, on a choisi de prendre une mini route plus-que-secondaire. C'était merveilleux ! On se serait crus à une autre époque : des bergers avec leurs troupeaux partout, des gens se promenant à dos d'âne, des torrents d'un bleu si limpide qu’on a le goût d’y prendre une p’tite gorgée.


Mais bon... malgré le paysage enchanteur, comme on était simplement armés d'une carte routière très générale couvrant les 783 000km carrés du territoire turc, on s'est retrouvés assez rapidement devant LA question de tous les road trip:« on es-tu sul bon chemin?». Mais comme dans la vie, ça nous dérange pas d’être perdus parce qu’on se dit que tous les chemins mènent à Rome, ben, on a continué. Et continué… et continué… En croisant très peu de villages.


Finalement, lorsqu’on en a croisé un, on a décidé d'arrêter à la station-service adjacente à un market question de faire un arrêt pipi (ça commençait à urger) et faire le plein de bouffe parce qu'on avait faim (il était largement passé midi douze). Rapidement, le monsieur de la station-service est sorti pour nous faire signe que le market était fermé. Il nous a toutefois fait comprendre qu'il nous invitait à prendre le thé. On s'est donc retrouvés assis dans la station-service avec notre thé à "jaser" avec Monsieur Station-service qui ne parlait ni français ni anglais. Comme notre turc est assez limité, on a fait le tour assez rapidement et on a closé notre jasage en mimant qu'au Canada, faisait crissement frette (Brr-brr!) . On a ensuite fini notre thé en silence devant notre monsieur plein sourire qui était donc content d'accueillir deux canadiens dans ce petit village loin des circuits touristiques. Outre le fait que les turcs sont très fiers d’accueillir des gens dans leur pays, on sentait qu'il était aussi bien content parce que ça allait lui faire une bonne histoire à raconter.


On a repris la route, tout heureux de s'être fait si gentiment offrir un thé. Mais le problème avec le thé, c'est que c’est un puissant diurétique. Assez rapidement, on s'est remis à la recherche d'un village et d'une station-service pour un arrêt pipi prise 2. Pis on avait évidemment encore faim, le premier market étant fermé.


C'est finalement dans un petit village composé essentiellement de deux-trois commerces et de plusieurs tracteurs de ferme qu'on s'est arrêtés. Pas de station-service à l'horizon MAIS il y avait un market! Le monsieur du market semblait enchanté de nous avoir dans son commerce. On a échangé de chaleureuses poignées de mains mais aussi quelques mots, dont le mot Canada (Brr-brr!). La conversation était bien le fun mais assez rapidement, ma vessie m’a rappelé qu’elle n’était pas dotée d’une élasticité infinie et j'ai demandé à Monsieur Market s'il y avait des toilettes où je pouvais aller.


Habituellement, la formule :"y-a- t-il des toilettes où je peux aller?" sert de formule de politesse. On l’utilise même quand on peut appercevoir la dite toilette. On attend simplement l’autorisation avant de s’y garocher. En Turquie, c’est différent. La même interrogation relève plus d’un questionnement légitime que d’une formule de politesse parce que plusieurs commerces n'ont simplement pas de toilettes. Même pas pour les employés qui se retrouvent à devoir aller dans d'autres commerces des alentours. Bref, monsieur Market m’a fait comprendre qu'il n'y avait effectivement pas de toilettes dans son commerce et m’a fait signe de le suivre. À l’extérieur, quelques curieux commençaient à s'agglutiner.


On s’est retrouvés quatre ou cinq commerces plus loin, dans la pizzeria du village. À voir la tête surprise de Monsieur Pizza quand on est entrés, le resto était manifestement fermé. Monsieur Market, tout excité, lui a lâché quelques mots dont le mot Canada (Brr-brr!). Immédiatement, Monsieur Pizza lâchait sa pâte pour venir me serrer vigoureusement la main et pour me montrer, tout souriant, la petite toilette dans laquelle il m'invitait à entrer.


Une fois ma vessie ayant retrouvée sa taille d’origine, j’ai pu rejoindre Monsieur Market qui m’attendait pour m'escorter à notre voiture. Je suis donc sortie de la pizzeria en faisant des joyeux byebye à Monsieur Pizza qui semblait encore surpris mais Ô combien heureux de sa brève visite du Canada. Comme le téléphone turc n'a rien à envier au téléphone arabe, la voiture était entourée de plein de monsieur curieux qui étaient venus voir et serrer la main des p’tits canadiens. Les invitations à prendre le thé fusaient de toutes parts. Alain et moi, on était à la fois touchés et amusés par la situation. Leur accueil était désarmant de gentillesse. C’était tellement d'attention qu'on se sentaient comme les védettes de star académie.


On a profité de l’occasion pour sortir la carte et leur demander où on était, question de voir si on était des touristes un peu perdus ou full perdus. S'en est suivi un caucus monstre. Une discussion musclée où tout le monde semblait s'obstiner en tournaillant la carte dans tous les sens et en pointant partout. C’est là qu’on a réalisé… Nous nouveaux amis avaient du mal à se situer sur une carte! Mais ils voulaient tellement nous aider!


On a fini par repartir en faisant encore une fois des joyeux byebyes à tout ce beau monde, sans savoir si on était perdus mais ça n’avait plus aucune importance. Avec des gens si accueillants, peu importe qu’on soient perdus ou pas. Il y aura toujours quelqu’un pour te donner un coup de main en cas de besoin. Mais finalement, comme tous les chemins mènent à Rome, on a fini par arriver à bon port en plein festival de l’œillet. Mais ça, c’est une toute autre histoire.


 
 
 

© 2016 Yul2go - Pascale et Alain 

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